Réchauffement climatique, santé, pénurie énergétique : nouvelles priorités des smart cities
Les smart cities doivent déjà apprendre à se réinventer pour faire face à un futur de dérèglement climatique, de pénurie énergétique et des conditions sanitaires à risque. La technologie française y contribue.
Dans une vie précédente, c’est-à-dire celle qui précédait la pandémie de Covid 19, la question était de savoir à quel horizon les villes de demain allaient absorber les deux-tiers de la population mondiale ? Le mouvement mondial vers l’urbanisation à outrance semblait inéluctable : aussi bien au Moyen-Orient (où l’Arabie Saoudite finance une smart city, NEOM, à 500 milliards de dollars), qu’en Asie – où l’Inde prévoit une centaine de smart cities contiguës qui regrouperont 300 millions de personnes d’ici 20 ans – sans oublier la Chine qui, à elle seule, finance la moitié des programmes smart cities de la planète. En Europe et aux Etats-Unis, les projets de constructions nouvelles sont moins gigantesques mais ils reposent néanmoins sur des investissements considérables basés sur une innovation tous azimuts (transports, infrastructures, communications, etc…)
Aujourd’hui, la donne a quelque peu changé. Il s’agit moins de faire face à une augmentation irrémédiable de la population urbaine, que de répondre la question : comment faire pour que les villes de demain restent habitables et attractives ? Les effets du réchauffement climatique, la raréfaction annoncée de l’énergie, conjugués aux risques sanitaires obligent en effet les responsables politiques, locaux et nationaux, à mettre désormais la priorité sur cette nouvelle donne.
En France, cette année, Strasbourg a déjà le même climat que Lyon en 1970. Les climatologues prévoient qu’il pourrait faire jusqu’à +8°C supplémentaires en ville que dans les zones proches non-urbanisées. Et l’on sait que la chaleur diminue la productivité personnelle, alourdit les coûts de gestion, favorise la pollution et les catastrophes naturelles. Si en plus, on augmente les risques d’attraper un virus ou l’on respire un air plus pollué qu’ailleurs, c’est à se demander si on doit vraiment habiter en ville dans les années qui viennent.
Une ville enfin verte maîtrisée par le citadin
Le mouvement en faveur de l’innovation technologique n’a pas attendu que ces maux récents n’émergent ou s’aggravent pour tenter de répondre à ces défis. Mais certains de ces efforts prennent encore plus de relief – et de sens – aujourd’hui, dans la perspective du « perfect storm » qui s’annonce.
C’est le cas de différentes entreprises françaises qui dans ces différents domaines proposent des solutions qui correspondent parfaitement à ces défis.
Ainsi, par exemple, la startup Vertuo a mis au point une solution globale qui permet de végétaliser massivement une ville en reproduisant le cycle naturel de l’eau de pluie, réduisant significativement l’augmentation de température. Une solution adaptable à chaque environnement urbain, qui s’intègre dans toutes les architectures possibles. Elle est en outre déployable très rapidement (1m2 toutes les 30 minutes), économique puisqu’elle réduit de 80% des coûts d’entretien (pas d’arrosage) Et enfin esthétique. « Ce type de solution est la seule manière d’augmenter la proportion de nature dans nos villes sans augmenter les couts de fonctionnement et la dépendance au réseau d'eau public », assure Baptiste Laurent, le P-DG de Vertuo, start-up associée avec le groupe immobilier Icade pour développer et commercialiser la solution, qui rencontre un véritable succès depuis ses débuts récents.
Autre exemple pour conjuguer l’amélioration du confort des citadins (en milieu professionnel) et le respect de l’environnement, celui de Wise Building. Cette autre start-up parisienne a développé une «simple» application mobile, véritable «télécommande» du bâtiment, qui permet d’interagir directement sur le réglage (lumière, température) de tous les espaces d’un immeuble, mais aussi d’organiser son mode de transport en fonction du lieu où l’on se trouve, de piloter une action de secours ou de maintenance, etc… L’application s’adapte également à un centre commercial ou à un campus universitaire. Un mode de fonctionnement souple et personnalisé qui optimise la consommation d’énergie, les coûts de fonctionnement et de maintenance d’un espace professionnel, tout en optimisant la vie quotidienne du salarié, de l’étudiant ou du touriste étranger sur un lieu commercial. « Aujourd’hui, c’est la course à l’échalotte vers une foultitude de technologies, notamment des objets connectés ; mais tout cela n’a de sens que s’il est au service direct et immédiat de l’utilisateur, c’est l’humain qui doit rester le maître du jeu », résume Anthony Pinet, le P-DG de Wise Building.
Et ce n’est pas tout. Une gestion plus rationnelle des bâtiments de la smart city réside dans la maintenance de ceux-ci. Associée à Wise Building, la solution de Smartnance, autre startup locale, permet de réaliser une maintenance totalement prédictive, grâce à une analyse fine des documents de gestion informatisés des bâtiments. « L’enjeu de la maintenance est considérable », explique Agathe Giffaut, « Celle-ci représente les ¾ du coût total d’un immeuble sur l’ensemble de sa durée de vie ».
Le numérique au service de l’architecture smart city
La smart city serait également plus efficiente si tous les professionnels de la construction, des urbanistes, architectes aux administrateurs pouvaient partager de façon simple et intuitive l’ensemble des documents numériques indispensables à la gestion de ces espaces de vie et de travail. L’approche la plus pragmatique est de passer par les métiers et d’intégrer un Smart Viewer dans les outils en place (ensoleillement, microclimat, éclairage, trafic…). Cette approche permet à la fois une intégration moins coûteuse et une adoption accélérée. Une telle solution a été développée par la start-up BIM Data, qui est disponible pour tous les bâtiments existants. « Notre solution permet de constituer une visualisation digitale des quartiers et de l’intégrer dans des outils métiers sans l’obligation de concevoir ce jumeau numérique dès le départ », précise Stanislas Limouzi, le P-DG de BIMData.
De telles solutions innovantes contribueront, à l’évidence, à rendre la smart city vraiment intelligente, et surtout capable de répondre aux nouveaux défis qui s’imposent à elle.
Michel Ktitareff
Lify Air : la santé au service de la smart city de demain Un quart de la population mondiale (et le double d’ici 25 ans) serait déjà handicapée par des allergies aux différentes formes de pollen, en particulier en milieu urbain. Lorsque l’allergie survient, que s’est attaquée la startup Lify Air, via un capteur spécifique développé avec le CNRS et reconnu par le ministère de la recherche. «Avec Lify Air, nous donnons aux allergiques des territoires équipés de nos capteurs la possibilité d’accéder à une mesure locale et en temps réel de la présence pollinique. Ils peuvent ainsi adapter leurs traitements et leurs comportements afin de diminuer, voire éviter, la réaction allergique, et donc améliorer leur vie quotidienne», explique Jérome Richard, le P-DG de Lify Air. Alors que la société a déjà déployé ses réseaux de capteurs sur le territoire de plusieurs collectivités locales, la voici maintenant à l’assaut du marché américain où les coûts de santé sont si élevés qu’une telle solution préventive est particulièrement attendue…
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